Anticiper l’avenir du marketing avec Noémie Aubron
L'ACTU DU MARKETING
Annabelle
12/12/20237 min read


Noémie c’est le genre de personnes qui ne se contente pas du présent et qui préfère être déjà à la rencontre du futur. Elle suit les tendances émergentes du maintenant pour en extraire les futures voies qui nous attendent. Et moi, ça me passionne.
C’est pour cette raison que je lis avec assiduité sa newsletter “Futur(s)” depuis plusieurs mois. Et vous pouvez y imaginer ma joie lorsque j’ai découvert que nous partagions la même ville.
Ni une ni deux, nous nous retrouvons dans un café cosy attablé à une table pour échanger autour de nos futurs.
On parle de la mission que s’est fixée Noémie, de sa vision du marketing et notamment du marketing de contenu, et on termine par son conseil pour le déploiement d’une entreprise à l’aise dans ses baskets avec le futur.
Et pour les accros du secteur alimentaire comme moi, Noémie a également partagé une idée novatrice sur un produit qui pourrait bien façonner notre manière de manger à l'avenir.
Le 7 décembre, 11h32 :
En regardant ton parcours professionnel, j’ai vu qu’il avait toujours été orienté par l’innovation. Pourquoi ce choix ?
Parce que j'aime bien commencer les choses et ne pas les finir (rires). J’aime beaucoup cette position de pionnier en tout cas, détecter l'émergence et le nouveau. Mon penchant naturel c'est vraiment ça.
Je me rends compte que je suis positionnée de plus en plus de manière lointaine par rapport au présent. Au début, je travaillais plutôt dans l’innovation et le développement de produits et de services. Depuis plusieurs années, je vais vers la prospective plus lointaine.
En une phrase, comment décrirais-tu ton métier et la mission que tu t'es fixée?
Je caricature souvent en me décrivant comme une sociologue du futur, cherchant à imaginer les modes de vie de demain. Mon approche consiste à les concevoir à la lumière de ce qui se déroule aujourd'hui. Cela va au-delà de la créativité, impliquant une analyse prospective approfondie.
En termes de mission, mon objectif principal est d'aider mes clients à trouver leur place dans le monde de demain. Je travaille sur diverses hypothèses de changement, les sensibilisant au caractère hypothétique tout en les préparant à des ajustements potentiels dans leur proposition de valeur, leur relation client, et leurs pratiques commerciales, alignés sur l'évolution de nos modes de vie.
Abordons le thème du marketing, et notamment le marketing de contenu. Quelles tendances émergentes dans le domaine auront un impact sur la communication des entreprises à l'avenir?
Selon moi, le domaine du marketing traverse une crise culturelle. De nombreuses personnes ressentent un décalage entre les attentes professionnelles et leur vision personnelle des évolutions sociales, créant ainsi un puissant moteur de changement.
De nouveaux récits émergent autour du marketing, cherchant à réconcilier les compétences de base avec des approches plus en phase avec l'avenir.
On assiste à une réconciliation des savoir-faire fondamentaux avec des méthodes et des objectifs plus alignés sur l'avenir. On remet en question la croissance à tout prix, mettant plutôt l'accent sur l'importance de rendre le marketing plus utile.
La qualité du contenu sera valorisée, avec une préférence pour des approches authentiques et sincères. Cette tension inévitable nous obligera à reconnaître l'importance des belles plumes et des esprits critiques qui pourront s’appuyer sur l’intelligence artificielle, mais ce qui comptera c’est l’intention, la sincérité de la relation, l’authenticité.
Personnellement, j’écris une newsletter hebdomadaire qui me demande un vrai travail de recherche, un vrai travail de contenu et c’est mon vecteur principal pour trouver des clients.
Nous vivons déjà dans un monde saturé d'informations. Comment pouvons-nous vivre et survivre dans ce flot constant? Est-il possible que nous nous détournions complètement des réseaux sociaux, par exemple?
Je crois que c'est déjà le cas quand on regarde un peu les tendances, notamment chez les plus jeunes.
Les interactions se déplacent davantage vers les messages privés que vers les interactions publiques. Par exemple, Instagram réoriente ses fonctionnalités vers la messagerie plutôt que le scroll infini, signe d'une évolution significative.
Pour revenir à ta question de départ, je ne pense pas que l’on puisse continuer à vivre avec autant de flot d'informations. Je ne crois pas que ce soit souhaitable, je pense que l’on atteint une sorte de fatigue où il faut imaginer autre chose. Les acteurs vont imaginer d’autres fonctionnalités que cette conversation permanente.
Il y a aussi le scénario catastrophe qui est que l’intelligence artificielle va déverser tous ces contenus en permanence. Cela va créer un espace internet complètement pollué dont on va se déconnecter par la force des choses, parce qu’il sera devenu complètement inintéressant de regarder des robots qui discutent avec d’autres robots, qui produisent des contenus insuffisants.
C'est une manière de percevoir en fait la trajectoire linéaire des choses mais qui du coup invite plutôt à une réinvention de la manière dont on interagit. C’est très lié au marketing de contenu.
Quels sont les supports digitaux qui persisteront à ton avis ?
Ceux qui échappent aux algorithmes.
Google sera aussi certainement remplacé par une autre interface générative. Le futur n’est pas du tout linéaire concernant l’interface de recherche.
Je suis assez sereine sur le support de la newsletter, c’est une valeur sûre dans ce paysage de l’information. C’est finalement une interaction assez basique entre une personne et des adresses mail qui ont accepté volontairement de recevoir ce contenu. Il y a une simplicité dans la relation.
Il y a aussi les supports conversationnels qui devraient persister, direct to consumer, dans la simplicité et le non-push commercial.
Si tu étais conceptrice-rédactrice, comment ferais-tu évoluer positivement ce métier en y apportant ta patte innovante?
Je pense que je travaillerais beaucoup plus les angles. C'est-à-dire trouver des angles que ChatGPT ne pourrait pas trouver. Créer des contenus que la machine ne peut pas créer et qui apportent de la valeur. Trouver les failles sur les perspectives nouvelles que l’on peut amener. C’est finalement là-dessus que je travaille. La question centrale c’est de transformer l'intelligence artificielle en alliée plutôt qu'en concurrent.
Il y a une nécessité de s'adapter, d'être ouvert, à l'écoute et surtout de bien comprendre ses forces.
En tant qu’indépendante à la tête d’un métier innovant, quelle est ta stratégie de contenu et comment cela impacte l’engagement de ton public ?
Ma stratégie de contenu et commerciale repose principalement sur ma newsletter. J'essaie de produire un contenu de haute qualité sur des thèmes susceptibles d'intéresser, de susciter des questionnements et d'apporter de nouvelles perspectives aux personnes avec lesquelles j'ai envie de travailler.
Ma newsletter est disponible sur Substack et il y a un effet de recommandation et de réseau de la part de la plateforme qui permet d’avoir de nouveaux abonnés.
En complément, le partage et le bouche-à-oreille contribuent à construire progressivement ma notoriété. C'est une stratégie adaptée à mes clients actuels et futurs, bien que le résultat nécessite du temps et un engagement soutenu.
Il me semble que toi comme moi, nous nous intéressons au futur de l’alimentation. Si tu devais concevoir un produit innovant dans ce secteur, qu'est-ce que ce serait?
Mon attention est particulièrement attirée par la perte progressive de certains sens liée à nos modes de vie actuels. Par exemple, à Taïwan, une épidémie de myopie sévit en raison du temps passé sur les écrans. Il y a le même schéma qui se dessine avec l’odorat à cause des conditions environnementales, parce que la pollution est en train de miner notre capacité à sentir.
On peut donc imaginer un produit qui révolutionne le plaisir de manger en prenant en compte ces changements sensoriels. Ce produit pourrait se concentrer sur l'exploration de nouvelles dimensions du goût, en travaillant sur les textures, les couleurs, et d'autres aspects sensoriels. L'idée serait de redécouvrir le plaisir alimentaire d'une manière différente et adaptée à notre contexte moderne.
Dernière question, quelles connaissances et compétences devront nous développer dans le futur pour réussir le déploiement d’une entreprise ?
Ce que j'observe avec les personnes avec qui je travaille c'est la nécessité de changer de modèle mental par rapport à l'incertitude. Cette manière de considérer que quoi qu’il arrive, demain ne sera pas comme aujourd’hui. C’est ce changement de perspective qui est important. Introduire l'incertitude de manière assumée et consciente comme une nouvelle variable.
C’est un vrai changement de regard et de structure qui n’est pas évident et qui est pourtant la base du renouveau stratégique que l’on doit enclencher.
Un dernier mot ?
Soyons ouverts aux futurs.
Toujours le 7 décembre, 12h13 : je me promets de refaire des interviews.
Ce que je retiens de cet échange :
Prioriser la qualité du contenu : investir dans des recherches approfondies pour produire du contenu de qualité est essentiel pour apporter une réelle valeur à l’audience.
Être à l’écoute des consommateurs : leurs retours nous offrent une perspective précieuse sur le type de contenu qu’ils souhaitent consommer, ou au contraire, éviter à l’avenir.
Valoriser l’authenticité et le lien de proximité grâce à des canaux de communication simples est une stratégie incontournable pour bâtir des relations durables avec son audience.
En savoir plus sur le travail de Noémie :
Pour développer le sujet du futur de l’alimentation, Noémie a dédié une séquence de sa newsletter : https://lamutante.substack.com/p/futurs-bons-petits-plats
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Et si vous voulez découvrir son studio de prospection créative : https://www.circonflexe.studio/